A 7 kilomètres à l'ouest de Montpellier,
Saint Georges d'Orques est sans nul doute un village
qui mériterait d'avoir son musée du vin.
Personne ne peut affirmer quand a commencé la grande
histoire du vin dans ce petit village. Les archives ont brûlé
dans un incendie. D'autres sources ont permis de remonter jusqu'au
14ème siècle. Mais des fouilles ont retrouvé
des traces de vie remontant à l'antiquité.
Bien avant l'arrivée du chemin de fer en 1892, les vins
de Saint Georges rayonnaient dans le monde entier. Au XVII et
XVIIIème siècles, le vin de Saint Georges se retrouvait
sur les meilleures tables de Russie, d'Angleterre et des Pays-Bas.
On sait aujourd'hui que la qualité des vins du village
provenait de l'acidité du sol riche en oxyde de fer,
permettant au breuvage de supporter les longs périples
sur routes chaotiques et par delà les mers.
Cette renommée qui n'a pas manqué de provoquer
des abus : les vins des villages voisins étaient achetés
deux fois moins chers et vendus comme vin de Saint Georges.
C'est en 1730 que les consuls décidèrent de mettre
de l'ordre. Les tonneaux vendus portaient le nom de Saint Georges,
le millésime et une étoile. Chaque acheteur devait
se procurer une attestation signée des consuls.
En réaction, les propriétaires achetaient du vin
ou du raisin dans les communes voisines pour les assembler à
Saint Georges: une pratique originale pour l'époque !
Une lutte s'engagea pendant un demi siècle, jusqu'à
la révolution pour protéger les vins de Saint
Georges. Nombreux furent les vignerons jetés en prison.
Il y eut même un consul !
Les cépages principaux étaient l'Aspiran, le Terret
Noir et l'Oeuillade, et on trouvait même la Clairette.
Les grains de raisin étaient séparés de
la grappe et fermentaient pendant huit à dix jours.
En 1787, alors qu'il était ambassadeur des Etats Unis
en France, Thomas Jefferson, futur président, découvrit
les vins de Saint Georges. C'était le 11 Mai de cette
année 1787. On sait que cet illustre personnage historique
ne quittait pas son carnet où il notait chaque vin goûté.
Certains n'ont pas hésité à conclure que
ce sont les oligo-éléments contenus dans le vin
de Saint Georges qui ont motivé la décision de
Jefferson d'acheter la Louisiane à la France ! Fin gourmet,
il proposa d'exonérer le vin du village de taxe pour
faciliter son importation et ainsi lutter contre l'alcoolisme
avec du bon vin. Voilà comment naît une légende
!
Après l'apparition du phylloxéra en 1874, et grâce
aux efforts de M. Courty, les vignerons de Saint Georges ont
été les plus entreprenants dans le département.
Les greffages de plants américains tels Clintons, Jacquez,
Taylor ou Riparia ont produit d'excellents résultats
et ont permis de sauver les exploitations.
La cave coopérative de Saint Georges d'Orques a été
créée en 1948 et cohabitait avec les nombreuses
caves particulières encore en activité.
De nos jours, la cave coopérative gère plus de
15 000 hectolitres. Les cépages principaux sont la Syrah,
le Grenache, le Carignan, le Cinsault, le Chardonnay et le Viognier,
le dernier implanté sur l'appellation. On y trouve également
les cépages bordelais Cabernet Sauvignon, Merlot et Sauvignon.
L'appellation Saint Georges d'Orques regroupe les vins de plusieurs
communes : Saint Georges, Lavérune, Pignan, Murviel et
Juvignac regroupant trois caves coopératives et neuf
caves particulières. Saint Georges, Pignan et Murviel-Montarnaud
sont les caves coopératives. Le Chateau de Fourques et
le Château de Caunelle à Juvignac, le Château
de l'Engarran et le Domaine Guizard à Lavérune,
les Coteaux du Terral, le domaine de Saumarez, le Domaine Belles
Pierres à Murviel, le Domaine de la Prose à Pignan,
le Domaine Henry à Saint Georges sont les caves particulières
de l'appellation.
Depuis 1984 ces vins ont reçu le label AOC.
Tous les ans, autour du 23 avril, jour de la Saint Georges,
la fête des vins rassemble tout ce joyeux monde pour célébrer
plusieurs siècles d'histoires du vin.